Déclarations

DECLARATION

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‘’L’urgence de comprendre pour contribuer à notre sécurité collective face à la menace Boko Haram’’

Depuis le vendredi 23 janvier 2015, le Président de la République du Bénin a décidé et annoncé au monde entier : ‘’….700 hommes des Forces Armées Béninoises, formés et équipés, sont en attente pour rejoindre les troupes des pays voisins, notamment du Tchad, du Cameroun et du Niger, pour combattre la secte islamiste nigériane Boko Haram’’. Le Réseau Ouest Africain pour l’Edification de la Paix au Bénin, WANEP-Bénin, salue ce geste de solidarité envers le Nigéria mais surtout envers un fléau qui  se trouve aux portes de notre pays s’il n’y est pas déjà. Le Bénin ne peut donc indéfiniment jouer à l’aveugle et au sourd vu qu’il partage près de 800 kilomètres de frontière perméable avec le Nigéria. WANEP-Bénin comprend parfaitement qu’il s’agit d’une réponse au pressant appel, du jeudi 22 janvier 2015, de Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission de l’Union Africaine invitant les pays de la région ‘’à porter la force multinationale à au moins 7.500’’.  Télécharger la version pdffiles/Déclarations/Du00E9claration_WANEP-Benin_sur_Boko_Haram_Finale.pdf

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En ajoutant à sa déclaration «Nous sommes prêt à engager cette guerre, quel que soit le coût, contre Boko Haram», le Président de la République révèle qu’il a conscience des risques pour le Bénin et surtout des coûts en vies humaines que le vaillant peuple béninois pourrait payer. Une telle conscience des risques encourus impose au Président de la République, d’annoncer aussi les mesures prises pour assurer la sécurité des béninois à l’intérieur et à l’extérieur du pays, d’une part et pour améliorer la résilience des communautés béninoises face à la menace et aux conséquences d’autre part.

En effet, depuis le sommet contre Boko Haram du 17 avril 2014 à Paris, le Bénin s’est rapproché des trois (3) catégories d’ennemis que combat Boko Haram à savoir : ‘’Police-Forces armées ennemis’’, ‘’Chrétiens’’ et ‘’Dénonciateurs et associés ennemis’’[1]. La menace de la réaction pèse sur notre pays depuis la tenue de ce sommet et nous devons la prévenir. Mais la grande question est comment ? Certes, on ne reste pas impassible face à l’incendie de la case en pailles du voisin alors qu’on a pareille case chez soi. Le géant Nigéria lui-même ne maitrise pas les méandres et les ramifications de Boko Haram et cela justifie toutes les peines qu’éprouve sa grande et puissante force de sécurité à venir à bout de cette lutte asymétrique[2] aux conséquences quotidiennement incalculables. Les forces de sécurité béninoises que nous savons déjà en nombre insuffisant  dans les localités du Bénin, pourraient-elles ne pas éprouver des peines similaires ? Les populations béninoises sont –elles préparées psychologiquement pour faire face aux ripostes de Boko Haram ? Notre pays pourra-t-il supporter les conséquences économiques liées à cette lutte ?

Il est juste d’arguer que la menace est à des milliers de kilomètres de nos frontières mais cela risque de changer car les actions militaires concertées, actuellement en préparation, vont sûrement la disperser en de petits noyaux pouvant infester la région et les pays ennemis. Le Réseau WANEP-Bénin pense que, en prévision des réactions de Boko Haram du fait de l’engagement du Bénin dans la lutte, il aura été bon de s’assurer au préalable que les Béninois auront le ressort psychologique nécessaire pour continuer à travailler et à vivre normalement ; que les élèves et étudiants se rendront normalement dans les écoles et dans les universités ; que nos mères et nos sœurs iront vendre sans crainte dans les marchés ; que les paysans se rendront aux champs à leur guise et dans la quiétude etc…  

Il aurait été bon aussi de s’assurer que cet engagement  contre Boko Haram ne perturbera pas les élections à venir au Bénin comme c’est actuellement le cas au Nigeria. WANEP Bénin pense qu’une consultation préalable du parlement aurait donné l’occasion de prévoir un certain nombre d’actions et de précautions à prendre. 

Pour le réseau WANEP-Bénin, même si notre armée est invinciblement aguerrie, ne rien penser, ne rien décider et ne rien opérationnaliser pour renforcer la veille et la résilience des communautés à la base serait suicidaire pour notre sécurité collective  et pour notre économie dès les lendemains – de l’expression effective de la solidarité de notre pays dans la lutte contre Boko Haram.

C’est pourquoi, WANEP Bénin invite le Président de la République :

–          a) à consulter les institutions et les personnes ressources appropriées sur les actions efficaces à mener pendant cette lutte contre Boko Haram,

–          b) à prendre et à faire opérationnaliser des mesures pour renforcer les réflexes d’alertes précoces de nos communautés sur le processus d’implantation et d’action de Boko Haram et la résilience afin de soutenir l’éventuelle action  militaire.

Il invite l’Union Islamique du Bénin (UIB) et toute la communauté musulmane du Bénin à prendre conscience de l’urgence  de la défense de l’islam en tant que religion de paix et de cohésion  mais qui pourrait être mis à mal par des tentacules de Boko Haram que nous devons, ensemble, dénicher et transformer pour notre sécurité collective.

WANEP-Bénin, solidaire avec toute la communauté nigériane, invite spécialement chaque  béninoise et chaque béninois à s’informer sur la menace Boko Haram pour mieux la comprendre et surtout pour déceler précocement  ses embryons dans leurs tentatives d’implantation et d’endoctrinement dans nos localités et environs immédiats. Notre sécurité collective en dépend.

Ensemble, tissons des relations pour la paix.    

              Fait à Cotonou le jeudi 6 février 2015

              Pour le Réseau WANEP-Bénin

La Présidente du Conseil d’Administration,

Mme Fatoumatou BATOKO ZOSSOU


[1]Dr Ahmad Murtada ; Boko Haram in Nigeria : It biginning, principles and activities in Nigeria ; 2013, Pge 13.

[2]Une lutte asymétrique exprime l’absence de correspondance entre les buts, les objectifs et les moyens des forces en présence.

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